Transmettre ses compétences : se former à être un bon tuteur
Être tuteur, former quelqu’un à un nouveau poste, à l’acquisition de nouvelles compétences, cela ne s’improvise pas. Le tuteur doit lui-même suivre une formation pour apprendre à transmettre ses propres compétences et à structurer son approche, si cela n’est pas déjà fait. En effet, la transmission en entreprise implique de nombreux enjeux : cela permet de recruter plus facilement du personnel, en incluant l’aspect formation dans le parcours d’intégration, de transmettre la culture d’entreprise et de fidéliser. Par ailleurs, cela permet aux seniors de laisser sereinement leur poste, en réalisant la passation correctement. Enfin, se former au tutorat permet également aux entreprises d’avoir un process bien défini pour la montée en compétences des collaborateurs.
Apprendre à devenir un tuteur au sein de son entreprise
La transmission de compétences au sein d’une entreprise implique de forts enjeux, mais se heurte à des difficultés : temps à consacrer aux nouveaux entrants, motivation des acteurs, pénurie de candidats …
Dans ce contexte, force est de constater une ambivalence peu explicable : certaines entreprises qui ont une très grosse charge business et qui cherchent à recruter ne trouvent pas forcément de candidats du fait des compétences demandées. D’autre part, de potentiels candidats cherchent une place, mais ne sont pas retenus pour des postes dont ils auraient certaines compétences.
Outre un déficit dans le développement du marketing RH, cela s’explique par le fait que la transmission des compétences en entreprise est souvent peu architecturée. On confond bien trop souvent le fait de montrer quelque chose, avec le fait d’apprendre quelque chose à quelqu’un. La nuance existe pourtant bel et bien ici, puisqu’apprendre à quelqu’un demande de mettre en place une ingénierie pédagogique pour que l’apprentissage permette à la personne d’être entièrement formée et compétente pour un poste.
Autrement dit, il convient de former les entreprises à construire un parcours de formation architecturé en listant les tâches, les missions, … L’objectif est de permettre à l’apprenant de maîtriser, de savoir, de réaliser : être capable DE pour pouvoir assumer entièrement un poste. Cela demande du temps et des ressources : il est donc préférable de se former en avance afin d’être certain d’être un tuteur pédagogue et de faire réellement monter en compétences le collaborateur.
Se former au tutorat est donc essentiel dans toute entreprise, car cela permet de connaître toutes les méthodes d’apprentissage, en sélectionnant la plus adaptée en fonction des profils, des compétences, etc.
La formation au tutorat, en quoi ça consiste ?
Dans un premier temps, il s’agit de réaliser la fiche de poste, puis d’identifier les compétences à transmettre afin de structurer la transmission. Comme précédemment évoqué, il faut que les entreprises architecturent leur formation.
Il faut donc tout d’abord vérifier que la personne visée par la formation a les pré-requis ou une base des compétences nécessaires pour prendre le poste. Pour ce faire, il faut faire un positionnement du collaborateur pour comprendre le niveau actuel et celui à atteindre.
En réalité, il faut adapter la méthode de formation en fonction de l’apprenant, pour que le parcours de formation soit le plus adapté et efficace possible : faire une démonstration, guider l’apprenant, faire un cours théorique, …
Concrètement, la formation au tutorat a plusieurs objectifs :
- Comprendre le contexte du tutorat
- Accueillir et intégrer le tutoré
- Transmettre le savoir-faire professionnel
- Accompagner et évaluer le tutoré
Comprendre le contexte du tutorat pour mieux intégrer le tutoré
Pour comprendre le contexte du tutorat, il faut d’abord connaître et savoir identifier les quatre phases de l’apprentissage et comprendre les changements que vit l’apprenant : ce qu’il pense, ressent, expérimente. Le formateur accompagne par sa pédagogie et sa posture le collaborateur au cours de ces différentes phases.
Enfin, le contexte du tutorat implique également de savoir pratiquer le management intergénérationnel, pour saisir le paradigme de chaque génération : BB, X, Y Z et bientôt Alpha!.
Ensuite, l’accueil et l’intégration du tutoré se fait notamment par la compréhension de l’exercice du métier, le process de l’entreprise et sa culture, l’identification de ses missions et de sa fiche de poste, en prévoyant en amont un parcours d’intégration avec des personnes référentes.
Une fois les bases posées, la transmission du savoir-faire peut opérer, avec une organisation de la progression pédagogique et la définition de séances de formation, avec des objectifs clairs, des moyens, des lieux et un contrôle des connaissances.
Le tutorat, un accompagnement tout au long de la formation
Pour pouvoir correspondre au plus grand nombre, la formation au tutorat permet également de visualiser différentes modalités de transfert des compétences.
Pour terminer, se former au tutorat intègre également une dimension de suivi et d’accompagnement du tutoré. Le but est de pouvoir réaliser des entretiens de suivi et surtout un bilan de fin de parcours pour voir si les compétences ont été acquises correctement ou si au contraire il y a des manques à combler.
Par ailleurs, le tuteur est amené à participer aux dossiers d’examens et au jury d’évaluation du tutoré : il convient donc de se former à ces situations pour pouvoir évaluer objectivement l’acquisition des compétences au regard de l’expérience très courte de l’apprenant.
A qui s’adresse une formation au tutorat en entreprise ?
Bien souvent, la mission de tuteur ou de formateur est attribuée à l’expert dans un domaine de compétences donné. Cependant, ce n’est pas toujours la meilleure solution : les experts ont l’habitude d’exécuter leurs tâches facilement et agissent bien souvent de manière automatique. Peu enclins à identifier la difficulté de réalisation, ils sont exigeants tant dans le délai d’acquisition que dans le niveau à atteindre.
La formation au tutorat s’adresse en fin de compte à toute personne volontaire dans une entreprise, qui justifie d’une certaine expérience dans le domaine visé par la montée en compétence ou par le contrat de professionnalisation.
Le profil idéal ? Une personne compétente, pédagogue, passionnée de son métier et qui aime l’Autre. En effet, le tutorat s’appuie sur une relation forte entre 2 personnes : l’une confie, en quelque sorte, son avenir professionnel, et l’autre a la charge de l’insérer dans le monde professionnel.
C’est à l’aune du temps que se mesure un tutorat réussi : lorsque le tutoré forme lui-même, la boucle est bouclée. L’élève d’hier devient le maître d’aujourd’hui. L’expérience vécue est ainsi transformée, la mission se poursuit afin que le savoir-faire demeure.