Former suppose de nombreuses compétences à maîtriser. Parmi celles-ci, la communication pédagogique est essentielle afin de créer le lien. Mais également, transmettre un message, se faire comprendre et faciliter la mémorisation. Mais qu’entendons-nous par communication pédagogique ? Elle repose évidemment sur les fondamentaux de la communication : un émetteur, un récepteur et des bruits en interférence. Sa différence réside dans sa contribution à l’acquisition de la connaissance et de la compétence. Comment la pratiquer ?
Connaître son auditoire : « soyez profiler »
Avoir un message à transmettre, c’est bien. Savoir à qui, c’est mieux ! Le travail de préparation consiste à identifier le profil du groupe et des individus sous différents aspects : statut et/ou fonction, métier exercé, degré de maturité, niveau de syntaxe, maîtrise des registres de langue, connaissance du vocabulaire ou jargon technique et acronyme.
Au formateur d’adapter son discours au niveau identifié, de vulgariser ses propos, de les imager via des schémas ou des métaphores.
Pratiquer la communication positive : « soyez ouvert »
Le cerveau humain n’est pas câblé pour comprendre la négation. Pourtant, les expressions usuelles qui jalonnent notre langage lui laissent une large place. Du « pas de souci » au « no problème » en passant par les « fautes » et autres « critiques », le cerveau y perd sa compréhension. A trop formuler ce que nous ne voulons pas, nous oublions d’exprimer ce que nous désirons. Mais nous-mêmes, savons-nous quels sont nos souhaits ? C’est là un autre niveau de questionnement !
Loin d’être une seule modification de la formulation ou une chasse au « ne…pas », c’est un changement de pensée et de posture qu’il faut réaliser. Réfléchir et agir positif, quitter la critique relève d’une modification de vision et de perception. Celle-ci se traduira ultérieurement par l’usage du langage adapté.
Adopter la communication factuelle : « soyez précis »
Différencier ce qui est de l’ordre des faits ou du ressenti est un exercice complexe, mais nécessaire dans le cadre de la communication pédagogique. Selon la définition du Petit Larousse, le fait est « reconnu comme certain, incontestable » : en quelque sorte, un constat indéniable qui serait donc objectif. C’est bien différent d’un ressenti qui est de l’ordre du subjectif.
Il fait chaud est donc un ressenti alors qu’une température de 25° est un fait. Le premier est un simple constat sur lequel tout le monde s’accorde, fait indéniable ; le second invite chacun à évoquer ses propres ressentis et à formuler ses besoins, ouvrir la fenêtre, prendre une pause, voire se couvrir pour ceux qui auraient froid. Manquer de précision incite la personne à prendre son propre code de lecture, celui de ses perceptions, de son registre personnel et de sa vision.
Les exemples sont nombreux : « faîtes vite » peut définir une durée, donc une unité de temps, minutes, heure, etc ; ou une vitesse, Km/h ou une allure, min/km ! Le risque est grand de se tromper en toute bonne foi. Définir les attentes, les transcrire en données chiffrées : un excellent moyen d’éviter les incompréhensions des stagiaires et de montrer son degré de maîtrise dans la transmission du savoir.
Maîtriser le poids des mots : « Soyez synthétique »
Méhrabian a formulé dans son principe le poids des termes, de l’intonation et de la gestuelle dans le message transmis. Selon l’auteur, la répartition est respectivement de :
- 7% vocale, les mots ;
- 38% verbale, son et intonation;
- 55% visuelle, langage corporel et expressions du visage.
Quand à l’entonnoir de communication, il met en évidence la déperdition du message entre son élaboration intellectuelle, sa formulation, sa réception par l’interlocuteur et sa compréhension. Bien que ces études soient controversées, notamment dans la répartition mathématique, elles favorisent une double prise de conscience. La première est d’identifier le cœur du message à transmettre, et de se focaliser ce qui est fondamental.
La seconde est d’identifier notre « intentionnalité ». Qu’attendons-nous des stagiaires : des questions ? Une mise en action ? Des émotions ? C’est alors que la sélection des moyens à disposition, verbal, paraverbal ou non verbal seront sélectionnés. Toujours dans une logique d’authenticité et de cohérence. En communication pédagogique, mettre l’attention au service de l’intention, c’est se centrer sur l’essentiel dans un objectif précis.
Être à l’écoute en communication pédagogique : « soyez silencieux »
Trop persuadé de la légitimité et de l’importance du message, la tentation est grande d’asséner sa vérité, selon son mode opératoire. Sans chercher à comprendre sa vision ou le point de blocage. Or, si le formateur pratique pour lui-même le « Tais-toi », il laisse sa place à l’autre : « T’es toi ». Il s’agit ici de donner aux stagiaires un champ d’intervention, hors de tout jugement et de prise de parole. L’objectif est de créer le lien, de comprendre les différentes perceptions ou visions afin d’argumenter, de rectifier ou de prendre en compte les informations fournies.
Le monopôle de la parole n’est pas la vocation première du formateur, c’est notamment l’un des éléments abordés dans notre programme de formation de formateur. Toute transmission de compétences repose sur un lien à créer et à faire vivre. La posture d’écoute et d’ouverture nourrit ce lien dans la prise en considération de l’autre. La communication pédagogique est un levier puissant dans la transmission des savoirs, au service du formateur mais surtout des stagiaires.