Les salariés en prise de poste sont de plus en plus souvent accompagnés dans leur incorporation par des tuteurs formés dont la mission consiste à « acculturer » et former pour intégrer. Cette fonction, à forts enjeux pour l’organisation souffre cependant d’un manque de reconnaissance et de professionnalisation.
Le rôle pivot du tuteur
Bien que les contextes d’embauche sont multiples, salarié en prise de poste, jeune en contrat d’alternance ou stagiaire de la formation continue, le tuteur joue toujours un rôle pivot dans l’accompagnement du nouveau venu, le déploiement en interne de la politique RH et la démarche apprenante de l’entreprise.
Une personne dédiée et formée est déterminante pour le futur salarié car, si elle représente la capacité de l’organisation à le guider dans sa prise de fonction, elle est surtout le symbole de la préoccupation du développement du capital humain dans l’entreprise.
« Tu seras tuteur »
Force est de constater que les critères de sélection des tuteurs sont encore peu formalisés. Si le choix nécessite tout d’abord de respecter le cadre légal fixé pour les diplômes et les années d’expérience, ce référent professionnel doit connaître l’organisation et ses process, ses interactions avec les parties prenantes ainsi que les valeurs qui constituent le fondement de la culture d’entreprise à transmettre.
Bien que les compétences d’organisation et de pédagogie soient indispensables, c’est bien la qualité de la personne qui, dans sa capacité à créer la relation, est déterminante pour initier le tandem « tuteur – tutoré », facteur de réussite. Compétences et motivation sont donc au cœur de la sélection. « Tutorat prescrit, tutorat subi », la maxime est à méditer car c’est un facteur d’échec important dont la responsabilité incombe peu aux principaux intéressés qui l’ont pourtant initiée !
Une fonction managériale
Nombreux sont les tuteurs surpris de la dimension managériale de la fonction. Or, le tutorat, comme tout enseignement, développe des apprentissages dont la valorisation méthodologique est accrue par la maîtrise d’outils opérationnels ou des matrices managériales situationnelles. Apprendre à apprendre est une remise en question quotidienne qui nécessite d’entretenir la motivation tout au long du processus.
Professionnaliser le tutorat grâce à la formation
Outre les outils managériaux, ces formations favorisent les échanges interpersonnels sur les retours d’expérience et les mises en situation développent la confiance en soi et l’identification des bonnes pratiques. La prise de conscience va parfois même au-delà : les formations sont des moyens de révéler à eux-mêmes, aux tuteurs en posture de mentorat, qu’ils sont de véritables guides professionnels de potentiel en devenir.
Donner du temps et de la reconnaissance
De la visite d’entreprise, aux entretiens de débriefing sans oublier les actions de formation ; l’exercice de ces missions au quotidien s’avère chronophage. Demander au tuteur d’assurer ses missions sans le décharger en retour de tâches inhérentes à son propre poste, c’est méconnaître l’implication de la personne et de la reconnaissance attendue. La rétribution financière n’est d’ailleurs pas le seul levier de motivation espéré, la création de communautés de tuteurs ou les interactions service RH – tuteur sont des outils importants de valorisation.
A l’heure où recruter des talents et garder les professionnels compétents sont des enjeux pour les organisations, le tutorat renforce le positionnement citoyen de l’entreprise et tisse des liens interpersonnels étroits. Pourquoi alors se priver de le valoriser ?