Lors de son 12ème colloque, l’EMCC propose une réflexion autour des politiques de mentorat mises en place dans les entreprises. L’étude réalisée sur la thématique montre un intérêt certain mais une pluralité des pratiques. Bien que la frontière entre mentorat, tutorat et parrainage soit floue, les réalités d’accompagnement sont bien distinctes.
Du Pourquoi au Pour Quoi ?
Intégration des jeunes ou d’un nouveau salarié, transmission d’une expertise dans le cadre des seniors à la retraite ou encore reconversion sont des thèmes qui interrogent l’entreprise sur l’accompagnement à mettre en place. Si la question n’est plus pour ou contre l’accompagnement, les expériences s’orientent autour des modalités. C’est ainsi que se développe le tutorat, le parrainage ou le mentorat pour créer les conditions favorables au développement de l’individu et à une coopération créatrice de valeur pour l’entreprise.
Si les termes sont connus et communément utilisés, les concepts qu’ils représentent génèrent un débat dont les enjeux méritent un positionnement défini.
Détour vers l’étymologie
Le parrain, dérivé de « pater » est celui qui tient l’enfant sur les fonds baptismaux et veille à l’instruction de son filleul. Le tuteur, en charge d’une tutelle, issu du latin « tutatorem » est protecteur du « tutori », protégé.
Mentor est le nom propre d’un ami d’Ulysse dont, selon Homère, Minerve, déesse de la sagesse, des arts, des sciences et de la guerre prit le visage pour accompagner Télémaque. Par extension, le mentor est devenu un guide, le conseil de quelqu’un.
C’est ainsi qu’apparaissent des niveaux de positionnement différents : si le premier « immerge » dans l’entreprise, contrôle et surveille, le second soutient et défend alors que le troisième accompagne.
Le cadre des contrats
La croissance des parcours d’alternance, en contrat de professionnalisation ou d’apprentissage a développé les pratiques de tutorat, appelées pour les seconds « maîtres d’apprentissages ». Si la loi encadre les conditions de sa nomination et son niveau de diplôme, le contenu des missions s’envisage au cours d’une formation spécialisée au tutorat dont le suivi ne figure pas dans les obligations ! Quelle incohérence : la désignation au contrat affirme un intérêt réel dans le protocole mais sa professionnalisation est laissée à la discrétion de chacun… Elle ouvre cependant des droits à subvention, premier et parfois seul facteur de motivation, remisant loin derrière la notion d’accompagnement.
Le mentorat s’exerce soit en interne ou externe, cadré dans le second cas par un contrat de prestation et questionne clairement la déontologie à respecter par les parties en fin de mission au cours du bilan.
Le parrainage, par expérience, est une terminologie davantage utilisée lorsque les process sont moins définis ou formalisés. En raison de la prise de conscience des enjeux d’accompagnement par les parties prenantes, il devient moins présent.
Définir une « appellation » en entreprise n’est donc pas anodin et nécessite une réflexion sur le champ de responsabilités, le statut, les compétences d’expertise, le code de déontologie et par la même, le niveau d’éthique que l’exercice suppose.