Des candidats qui affutent leurs propositions comme des étudiants qui apportent les dernières modifications à leurs dossiers d’examen. Aidons-les dans cette dernière ligne droite, à la veille des votes. Imaginons un conseil de classe, un seul module de référence « la formation professionnelle », un résumé du travail accompli, un commentaire du dossier présenté, la vision du jury, une note, et un avis.
Candidat Fillon : « Potentiel à développer »
Le dossier porte sur « le rôle d’orientateur de la formation vers les marchés porteurs ». Titre accrocheur pour un contenu très classique !
Loin de préconisations laissant présager une approche visionnaire des évolutions environnementales de demain, les propositions s’orientent vers « la sécurisation des parcours professionnels » et la « rationalisation des fonds ». « Se prémunir contre l’inactivité » est une représentation anxiogène d’un avenir qui, dans les mutations en cours est plutôt source d’innovations à venir. Le jury restera donc sur sa faim, sa quête de solutions pour accompagner étudiants et entreprises vers les métiers porteurs mais encore non identifiés sera vaine, dommage, les gisements d’emplois sont bien là !
Note : 10/20 . Une entrée en matière porteuse mais un contenu qui manque de relief
Conseils : Retravailler le dossier par une définition du terme « orientateur » puis une mise en perspective de ce rôle dans l’émergence des nouveaux marchés. Des outils seront à lister pour donner de l’agilité aux programmes de formation et des moyens aux acteurs.
Candidat Macron : « A encourager »
Le thème se décline autour de propositions visant à « créer une formation professionnelle à la hauteur ». Ce qui laisse supposer qu’actuellement elle ne l’est pas… Ce constat aurait pu être étayé par un diagnostic : identifier les origines des problèmes évite de passer à côté des solutions. La labellisation des organismes de formation préconisée est déjà en cours et « l’affichage des performances » n’est en rien un gage de qualité. Le taux de réussite au Bac est-il une garantie d’une connaissance approfondie des règles d’orthographe ou de la maîtrise des 4 opérations ?
Le jury notera un accès direct des actifs aux prestataires de formation, dont les modalités restent à définir alors que le cycle de vie des partenaires sociaux entrera dans une phase de déclin. L’ubérisation du marché est-elle en marche ?
Note : 10.5/20. Une volonté notable d’aborder le sujet, sans réelle maîtrise.
Conseils : Utilisez les outils de diagnostic existants puis listez les solutions possibles qui seront étudiées sous les aspects financiers, opérationnalité et degré de pertinence face aux enjeux du marché.
Candidat Hamon : « De la constance dans l’approche »
L’universalité, après le revenu, s’invite dans le « droit à la formation tout au long de la vie ». Mise en œuvre par les universités et les écoles et déclinée via « un rapprochement formation continue et formation initiale », elle demandera un « investissement dans l’ingénierie pédagogique et la promotion de cette nouvelle offre ».
Le jury pourra demander au candidat de défendre sa valeur ajoutée à travers développement de l’ingénierie pédagogique qui, dans ce contexte, sera totalement innovante pour rapprocher les conceptions. Le champ d’investigation sera élargi à la phase amont permettant d’identifier la capacité du candidat à anticiper une gestion des risques et des conflits ainsi que son financement, tant la mise en place suppose la conciliation de visions antinomiques.
Note : 9/20. Connaissance du vocabulaire professionnel, à valoriser davantage dans l’application.
Conseils : Auditer les 2 ministères concernés, celui de l’Education Nationale et du Travail, de l’Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social afin d’identifier les différentes pratiques. Benchmarker les Bests practises pour les présenter aux protagonistes et commencer la médiation, qui devrait durer un quinquennat ou valoir à son candidat un titre honorifique.
Candidate Le Pen & candidat Mélenchon : « Approche à étoffer »
A ce stade du cursus, la formulation est trop générale. Pour l’une « rendre la formation professionnelle plus efficace, moins opaque et moins couteuse » et pour l’autre l’intégrer « dans un service public de l’enseignement professionnelle ».
Le manque d’approfondissement des dispositifs et moyens mis en œuvre peut s’expliquer par une volonté de se concentrer sur les matières à fort coefficient électoraliste, tel le chômage, l’Europe, les dépenses publiques. Le jury saura positionner les candidats dans une approche transversale et systémique afin de mettre en évidence les liens ou les interconnexions entre les différentes composantes des programmes. L’obtention du précieux sésame ne peut inclure un arbitrage sélectif.
Note : 8/20. Sujet à approfondir
Conseils : Dans les 2 cas, les candidats peuvent utiliser le questionnement Quintilien –Qui Quoi Où Quand Comment Pourquoi- afin de porter davantage d’éléments à la connaissance du jury démontrant le degré de maîtrise du sujet par les candidats.
Rapport du jury
Cette année encore, le concours couronnera un candidat mais aucune mention ne sera attribuée. Le jury note dans sa conclusion une approche parcellaire du dossier et des connaissances dans le domaine de la formation à consolider pour une insertion réussie dans la vie professionnelle de Président.