Interview d’Agnès Rousson-Mourier, formatrice en management et fondatrice de l’organisme ARM Formation.
La qualité devient un élément déterminant dans la formation
Pour quelles raisons ?
Le secteur de la formation est de plus en plus exigeant dans la recherche de la qualité. En raison du poids financier du secteur, des enjeux d’employabilité des salariés et de l’insertion dans l’emploi des jeunes, cela me parait tout à fait normal. Nous avons pu assister également à certaines dérives d’organismes peu scrupuleux qui jettent le discrédit sur la profession.
Par ailleurs, les organismes ont de plus en plus marketés leur offre, les stagiaires et les financeurs avaient des difficultés à faire une sélection objective sur des critères au cœur du process formatif.
Quelles évolutions pour ce secteur ?
Cette évolution correspond à une volonté initiée par les pouvoirs publics dans la réforme de 2015 et qui incitent désormais les salariés à être acteur de leur parcours et les entreprises de former. L’employabilité est donc affaire de tous à des niveaux divers, mais chacun a la responsabilité de l’acquisition de la compétence. La logique « emploi/compétences » prend alors tout son sens, après la course au diplôme, il était temps !
Je pense que la demande en termes de formation va s’orienter vers des prestations d’une durée plus courte, davantage réalisée au cœur de l’entreprise et sur des thèmes plus précis et très ciblés : l’économie d’usage a fait aussi son œuvre dans ce secteur… C’est donc une approche « expertise » qui se profile, bien loin de celle, trop généraliste, que nous connaissons actuellement.
Pourquoi être entrée dans la démarche de certification ?
La simple inscription sur la base de données Datadock apportant la preuve de la réalisation d’une prestation de qualité était suffisante. Cependant, dans le contexte que je viens d’évoquer, je crois que cela ne sera pas suffisant pour rassurer les acteurs du secteur. Etre certifiée par un organisme externe, spécialisé et reconnu dans la profession était comme une évidence.
Mon organisme de formation professionnelle qui exerce en statut SARL à associé unique, se confronte à la solitude dans son fonctionnement. Sans un avis circonstancié donné par un organisme extérieur, se pose la question d’analyse des pratiques, de ses évolutions et de ses progrès.
Par ailleurs, mon cursus personnel s’est toujours orienté vers cette volonté personnelle de me remettre en question pour aborder un monde économique en évolution, dans un esprit de développement de mes capacités et mes compétences. C’est dans cette perspective d’amélioration continue que s’inscrit ma demande de certification.
Comment s’est déroulée cette certification IPCF & PSI ?
Il y a actuellement 27 certifications ou labels inscrits sur la liste du Cnefop, il fallait donc réaliser une sélection parmi celles-ci. Certaines étaient peu adaptées en raison de ma petite structure et du chiffre d’affaires réalisé. Puis le contact avec l’organisme a été déterminant dans sa capacité à accompagner la démarche de certification.
Le dossier constitué est complexe dans sa recherche : fournir des preuves diverses d’une activité qui remonte à 12 ans n’est pas chose facile, notamment lorsque celles-ci doivent démontrer le degré d’expertise. Par ailleurs, je réalise au quotidien des actions qualifiées de sociales, telles que des coachings solidaires ou accompagnement des jeunes que j’ai eu en formation. Pour tout cela, je garde peu de preuves, la valeur de partage n’inclut pas l’archivage dans une base de données !
Le travail de réflexion a été beaucoup plus important dans la formalisation du code de déontologie ou encore dans l’écriture du plan d’amélioration continue, qui constitue ma feuille de route pour les 3 ans à venir. Ce dossier m’a pris beaucoup de temps, plus de 60 heures de travail : revenir sur certaines conceptions ou syllabus, contacter d’anciens clients, constater ma propre évolution dans l’approche pédagogie…une vraie reconstitution de carrière !
Quels bénéfices pour les parties prenantes ?
Grâce à ce plan qualité, je vais intégrer l’amélioration continue au cœur du processus et en faire un levier de communication auprès des parties prenantes. C’est donc un élément important dans la légitimité de mon Organisme de Formation à répondre à des appels d’offres, qu’ils émanent d’organismes privés ou publics. Dans le cadre de la sous-traitance, cette certification assure au donneur d’ordre le respect d’un code déontologique et des pratiques qualitatives.
C’est enfin un axe de différenciation auprès des entreprises clientes, confortées dans la rigueur de mon process, ma compétence, ma capacité à mettre en place une dynamique d’amélioration continue.En outre, grâce à ces éléments, elles sont rassurées sur la possibilité de bénéficier du financement des actions de formations contractées avec mon Organisme de Formation.
C’est donc le début d’une nouvelle aventure : la mise à jour annuelle, ainsi que l’audit de renouvellement incitent à formaliser les pratiques, qu’elles soient pédagogiques, commerciales ou administratives afin de répondre à un environnement en mouvance.
En somme, un vrai cercle vertueux…..