L’AFEST SE DEPLOIE EN ENTREPRISE
L’année 2020 a eu un rôle majeur dans l’identification des compétences clés des entreprises. Une crise sanitaire qui bouscule les codes, l’existant, les modalités de travail : voilà le cœur de métier de l’organisation qui revient au centre des projets.
Si la loi « Avenir professionnel » du 5 septembre 2018 avait ouvert l’opportunité d’une nouvelle modalité pédagogique, l’AFEST (Actions de Formations en Situation de Travail), peu d’entreprises étaient dans cette démarche. La difficulté à trouver du personnel qualifié pendant la pandémie, des collaborateurs confinés en raison des risques, sont autant de motifs pour se lancer aujourd’hui dans la démarche.
Un projet long et stratégique, doté d’un formalisme important et qui engage de nombreux acteurs. Quelques réponses aux 5 questions le plus souvent formulées…
L’AFEST, pertinente dans tous les cas ?
La réponse est non. Il appartient à l’entreprise de questionner sa stratégie et, dans ce cadre, le degré d’importance des différents changements. Un autre champ d’investigation concerne la disponibilité des compétences : sont-elles accessibles via des formations dispensées par des centres ? Cette offre répond-elle de manière opérationnelle aux besoins internes ? Le savoir-faire est-il spécifique ? Quelle est l’origine de sa spécificité ? Qu’en est-il de la pyramide des âges à court terme ?
C’est un engagement dans lequel chaque maillon de la chaîne doit s’impliquer : dirigeant, managers, service RH, formateurs internes et stagiaires formés.
Le volume de personnes à former est un critère de décision incontournable. En effet, le dispositif qui consiste à mettre en œuvre une ingénierie de formation est long. Quelle en serait alors l’utilité pour former une ou deux personnes par an ?
Quelles sont les situations de travail exploitables dans le cadre de l’AFEST ?
Celles qui sont les plus formatrices sont les plus riches. Elles doivent donc permettre la compréhension des savoirs-faire spécifiques mais également leur répétitivité afin de renforcer la mémorisation.
En outre, le degré de complexité doit faciliter l’acquisition des compétences dans une perspective d’expertise et prendre en compte les différents risques, qu’ils soient humains, techniques, matériels ou financiers. Le choix des situations à exploiter est donc déterminant.
La pratique de la formation en entreprise joue-t-elle un rôle ?
Indéniablement. Une entreprise qui pratique la formation interne, ou qui accueille des alternants et des stagiaires, recèle dans son ADN la culture de l’apprentissage. Ce type d’entreprise est appelé couramment « entreprise apprenante ».
Formalisés ou non, ces accompagnements existent et seront identifiés au cours de la mise en œuvre de l’AFEST. Cela révèle, d’autre part, des ressources internes en termes de formateurs. En raison de l’ancienneté des pratiques et des résultats obtenus, les compétences pédagogiques sont bien présentes. Il restera à les consolider par une formation de formateurs, puis à déléguer du temps à cette communauté afin de construire les modules de formation pour pouvoir finalement transmettre.
Chaque stagiaire formé doit-il réaliser tout le parcours ?
Non ce n’est pas une nécessité. Le stagiaire bénéficie d’un positionnement à l’entrée qui a pour objectif de visualiser ses connaissances et ses compétences. En fonction des résultats, seuls quelques modules de formation pourront être dispensés. Chacun des modules se conclut par une évaluation de type exercice en situation, QCM, etc. Tout ceci atteste l’acquisition des compétences en fin de process. La formalisation est définitive lors du bilan avec le manager qui reprend le livret de suivi, les résultats d’évaluation et les analyses de la pratique qui représentent des phases plus réflexives.
En quoi consistent les phases réflexives de l’AFEST ?
Elles sont les pivots de l’AFEST. Contrairement à l’enseignement de type descendant, la formation des adultes repose sur l’andragogie : cette méthode positionne l’humain avant la technique.
La phase réflexive vise à questionner le stagiaire en amont, pendant et en aval de l’action afin d’ancrer de façon durable l’intelligence du geste. Proche d’un questionnement de type coaching, les questions s’orientent autour de : « Comment allez-vous faire ? Pourquoi allez-vous faire ainsi ? Quelles sont les autres méthodes possibles ? Si c’était à refaire, que changeriez-vous ? »
Une approche formative qui demande une posture d’accompagnateur et d’animateur. Elle nécessite de mettre une « âme » dans l’animation et aussi un don de soi vers l’autre. Une vraie prise de risque qui n’est pas anodine et que certains ne voudront pas prendre.
L’AFEST est un des meilleurs moyens de capitaliser le savoir-faire cœur de métier de l’entreprise. Si ce dernier est différenciant, le faire perdurer devient un enjeu stratégique, surtout dans un contexte de mutations technologiques.