La formation est un secteur qui peine à se réformer dans ses pratiques séculaires alors que de nouveaux comportements, initiés par la révolution numérique, bouleversent pratiques et usages.
L’émergence d’une nouvelle demande : des cours en ligne
Du besoin d’acquérir de nouveaux savoirs au désir d’apprendre par curiosité intellectuelle ; la volonté de se former de façon ludique à tout moment, poussent les murs clos d’une salle de cours vers de nouveaux espaces virtuels que l’on commence à explorer. Il suffit d’observer les nouvelles générations, pour comprendre que leur forte appétence pour les contenus en ligne via smartphones ou ordinateurs portables va s’intensifier.
En raison du succès grandissant des Moocs -39 thèmes soit 469 Moocs sur la plateforme France Université Numérique– et des enjeux du développement durable de l’individu et du capital qu’il représente, la question à se poser n’est plus celle d’intégrer ou non le numérique dans le secteur de la formation mais plutôt celle de développer les compétences du formateur.
Une relation avec l’enseignant modifiée
Si le digital modifie notre approche au temps, au lieu et à l’espace, il ne change en rien le degré de savoirs transmis par l’enseignant. En revanche, la relation sachant-apprenant est totalement modifiée, au mieux ténue et distancée via un outil interactif, au pire, inexistante.
Or, nombreux sont les formateurs qui envisagent leur mission dans un cadre autre que le simple transfert de connaissances : dans une approche dimensionnelle du don de soi, ces passeurs de savoirs tissent un lien étroit avec l’apprenant grâce à leurs qualités relationnelles, dans un rôle de révélateur de l’individu à lui-même, mettant en lumière ressources ou talents existants mais insoupçonnés.
Ces passeurs modulent leurs contenus en fonction du contexte et du niveau d’expérience de la personne, créant conditions ou situations favorables au développement de l’individu et de ses capacités, en résonance avec les valeurs et les croyances intuitivement pressenties.
Néanmoins, la réalisation d’un Mooc nécessite cadre et formalisme, de la conception des vidéos au minutage précis, aux messages unilatéraux transmis jusqu’aux évaluations post formatives, qui s’accordent peu avec le mode de transmission des tuteurs. Si le blended learning, qui mixe digital et présentiel, est un excellent moyen d’attirer ce profil de formateur, d’autres formats restent à explorer.
Un formateur aux nouvelles compétences
Quel que soit le format, il nécessite des compétences transversales à l’expertise de la thématique, au niveau de la communication par exemple, afin de tenter de rendre attractive une posture statique, ou encore informatique dans la conception des supports ou la maîtrise de la plateforme.
Dans cette perspective, le modèle d’apprentissage par les pratiques d’autoformation, fortement utilisées pour renforcer les compétences du périmètre d’expertise, atteint cependant des limites dans l’efficacité, l’efficience ou encore l’accompagnement du changement qu’est la culture digitale.
Si de nombreuses réflexions s’orientent autour du lien à créer avec le « Mooceur » afin de réduire le taux d’abandon, environ 90% selon une étude récente de l’université de Pennsylvanie, un programme d’accompagnement devrait être inscrit dans toutes les formations de formateur. Car, bien que les outils offrent d’infinies possibilités, c’est l’évolution des acteurs face à la culture du digital qui reste la seule inconnue devant à l’ampleur de ce changement.